Théâtre contemporain »
London BridgeLondon Bridge is falling down, falling down (my dear lady) Magnifique seule-en-scène, ou plutôt deux-en-scène au Théâtre de Belleville. Iman Kerroua arrache les tripes dans ce récit poignant qui part du portrait d'une femme refroidissante, une trader sans pitié de la City, pour remonter la bobine du fil, ou la bobine du film, de son passé. Pour tout dire, la boursico-jem'lajouewinneuse pète les plombs sur le plateau, et le spectacle est son hallali, son burn-out, son auto-dissolution en mode glouglous d'un Titanic qui sombre. On est accroché et ému par le retour, par à-coups, par hoquetements visceraux, à l'evocation de l'enfance où est côtoyée la pauvreté, mais surtout le déséquilibre mental d'adultes, d'où un vertige du vide, la perte de sérénité, la tentation du gain +++. Je n'en dis pas plus. Ce spectacle est vraiment particulier par sa mise en oeuvre de théâtre musical car le percussionniste y tient un grand rôle et orchestre une savante résonance des propos exprimés, les amplifiant. On n'est plus très loin d'une forme opératique savante. Dogan Poyraz est merveilleux de discrétion et d'implication dans ses transpositions subtilement recherchées qui évoque une rhétorique de musique contemporaine. Une éblouissante soirée dans cette salle qui a vu passer un grand nombre d'excellentes pièces . La résurrection est au rendez-vous.